Le Patient 28

4 L a médecine dispose au- jourd’hui d’un éventail de moyens pour éviter la trans- mission du VIH et diminuer le risque d’infection. Les traitements, performants, moins toxiques et moins coûteux, permettent de mener une vie quasi normale. TasP, PEP, PrEP… Autant de nou- veaux acronymes dans la lutte contre le sida, dont la Journée mondiale se tiendra le 1er dé- cembre. Mais que se cache-t-il exactement derrière ces termes? Pur jargon médical? Eh bien non, justement: on peut tous en avoir besoin demain. Décryptage. « Une personne séropositive ayant une charge virale indétectable grâce à son traitement ne transmet pas le VIH par voie sexuelle ». Vous avez sûrement déjà entendu ce message dans les spots de prévention à la télé. C’est le «TasP », pour «Traite- ment comme (as) Prévention ». Soit le fait que la majorité des patients sont aujourd’hui traités (trithéra- pie) pour prévenir les complica- tions du VIH à long terme, mais aussi pour bloquer la réplication du virus et maintenir son taux à un niveau proche de zéro, faisant en sorte qu’ils ne puissent plus contaminer les autres. « Traiter tout le monde, le plus vite possible, est une des plus grandes avancées, rendue possible par les nouveaux traitements qui présentent beau- coup moins de toxicité », explique le Dr Gilles Darcis, médecin infec- tiologue au CHU. AVANT ET APRÈS L’EXPOSITION Traquer le virus juste avant ou après y avoir été exposé quand on est séronégatif, c’est désormais aussi possible. La « PrEP » est la version préventive du traitement, administrée aux personnes qui ne sont pas infectées mais qui sont potentiellement exposées au VIH (homosexuels, prostituées, partenaire d’un séropositif dont la charge virale est détectable). Il s’agit d’un médicament (Truva- da) à prendre soit avant le rapport sexuel (deux comprimés), soit en continu (un comprimé tous les jours), « selon le profil de risque du patient, si ce risque est élevé mais occasionnel, ou s’il est fréquent », précise le Dr Darcis. Bonne nou- velle: ce traitement est disponible chez nous en version générique depuis quelques jours. La « PEP » intervient, elle, après l’exposition (notamment acci- dentelle, par exemple en cas de 50 NOUVEAUX CAS/AN AU CHU Le CHU de Liège est le Centre de Référence SIDA (CRS) pour la pro- vince de Liège; il est installé à la polyclinique Brull, au centre-ville. Actuellement, 1.168 patients y sont suivis, dont 96% sous traitement, grâce auquel plus de 90% d’entre eux ont une charge virale indétec- table. L’âge moyen des patients est de 47 ans - le plus âgé a 86 ans. L’équipe multidisciplinaire (médecins, infirmière, assistantes sociales, sexologue, psychologue, pharmacienne, diététicienne et data manager) réalise des dépistages - une cinquantaine de nouveaux diagnostics par an - et assure le suivi de la maladie (sida/VIH et autres infections sexuellement transmissibles), en collaboration avec les associations, notamment de terrain comme Sida Sol. Parallèlement, le CRS participe à de nombreuses études pour amé- liorer la prise en charge des patients et contribuer au développement d’un traitement curatif. CRS, quai G. Kurth, 45 (5 e étage) à 4020 Liège 04/270.31.90 - crs@chuliege.be 1 ER DÉCEMBRE I JOURNÉE MONDIALE CONTRE LE SIDA viol). « C’est une trithérapie si- milaire au traitement classique, à prendre pendant un mois, avec un suivi chez un infectiologue pendant trois mois. » Inutile d’al- ler chercher un test sanguin en pharmacie: «  les tests disponibles sont négatifs au début de l’infec- tion, on risque donc d’être fausse- ment rassuré. Mieux vaut avoir un contact avec une personne capable d’évaluer le risque (au Centre de Référence SIDA en journée, ou aux urgences du CHU la nuit) et ce, le plus tôt possible, puisque la PEP est d’autant plus efficace qu’elle est administrée tôt (le plus tôt est le mieux, mais toujours endéans 48h, maximum 72h) », conclut Gilles Darcis. Cécile Vrayenne DE NOUVEAUX OUTILS POUR SE PROTÉGER DU VIRUS TASP, PEP, PREP: LE SIDA NE PASSERA PAS PAR MOI!

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