Art et Architecture - CHU de Liège

Jacques Charlier (Liège, 1939) Tour 2 niveau +3CD, Route 30-39 Artiste autodidacte, Jacques Charlier adapte sa technique en fonction de son idée, ce qui explique une approche pluridisciplinaire (peinture, photographie, bande-dessinée, art vidéo, installation, musique, essai…). Pour gagner sa vie, il est employé au Service Technique de la Province de Liège (STP) de 1957 à 1977 et professeur de graphisme à l’Académie des Beaux Arts de la ville pendant 22 ans. À partir des années 1970, influencé par Marcel Broodthaers (Bruxelles 1924 – Cologne, 1976), il découvre l’art minimaliste et conceptuel. Il exploite notamment des photographies réalisées par le STP selon le principe du ready-made (exposition Zone Absolue, 1970). Intéressé par le monde de l’art, son marché et ses dysfonctionnements, il se penche dès les années 1980 sur les grands styles et thèmes de l’histoire de l’art, qu’il revisite avec humour (Novissima Verba, 2000, d’après le Pornocratès de Félicien Rops). Son œuvre 100 sexes d’artistes, qui doit être présentée dans le cadre du Festival off de la Biennale de Venise en 2009, est interdite par le comité, ce qui provoque une vive réaction dans le monde de l’art. Véritable galerie des grands noms de la peinture du XXe siècle, cette œuvre n’est pourtant rien d’autre qu’une satire dans la droite ligne des caricatures et des portraits-charges du XIXe siècle. Il s’agit d’ailleurs d’un projet relativement ancien dans la carrière de Charlier car les premiers « sexes d’artistes » sont réalisés dès 1973. Le motif qu’il réalise pour les lambris du CHU se distingue de la grande majorité des autres interventions par son aspect figuratif. Destinés à orner les couloirs du service de pédiatrie, les lambris présentent une galerie de personnages pittoresques (clown, chien, kangourou…) et d’objets familiers (guitare, télévision, chaise…), chargés de distraire les petits patients. L’artiste souhaitait que ces dessins se retrouvent également sur le linge de lit ou encore les rideaux des chambres, de manière à créer un espace cohérent, mais le projet est abandonné. L’œuvre n’a aucune volonté narrative, les figures se répartissant librement sur le fond coloré des panneaux (rouge et bleu dans les couloirs, tons pastel dans les chambres). Suite au déménagement du département de pédiatrie, les lieux furent un temps occupés, par un ironique mouvement de balancier, par le service de gériatrie. Actuellement, ils abritent le service d’oncologie. Se qualifiant lui-même de « grossiste en humour belge toutes catégories » et de « pirate de l’art », Jacques Charlier continue d’exercer un regard critique aiguisé sur le microcosme du milieu artistique contemporain. Lambris, par Jacques Charlier. © CHU. 22

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